Notice historique sur Curbigny (5e partie suite et fin)

Son successeur fut monsieur Jean François Demontilly, probablement de quelqu’une des nombreuses branches de la famille des Dumontillet ou Dumontillier et dont l’origine doit être Montillier sur le territoire de Varennes sous Dun. Son premier acte est du 20 janvier 1714 et son dernier du 26 mars 1721, époque à laquelle il passa à la cure du Bois Sainte Marie.

A monsieur Demontilly succéda monsieur Jean Marie Bérard dont le premier acte est du 30 août 1721 et le dernier du 3 mai 1738 (…) Alors, il résigna sa cure à monsieur Nicolas Desroches, originaire de Sainte Cécile (…)
Monsieur Nicolas Desroches, prêtre du diocèse de Mâcon, vicaire de Varennes sous Dun, ainsi pourvu de la cure de Curbigny par la résignation que fit en sa faveur monsieur Bérard et en vertu de provision apostolique accordée par notre saint père le Pape en date du cinq des calendes de juin 1738, visée par monseigneur l’évêque d’Autun en date du 24 juillet 1738, prit possession de la cure le 4 août suivant. Il fut installé par monsieur Bérard lui-même, à peu près en la forme qui se pratique encore actuellement mais avec cette particularité qu’il y avait de plus deux notaires de la Clayette dont l’un, monsieur Louvrier, s’intitule « notaire apostolique » et l’autre monsieur Chagny [Dechagnie] qui dressèrent procès verbal de ladite installation. Cette pièce curieuse se voit encore aux archives de la mairie de Curbigny (…). Monsieur Desroches mourut à Curbigny le 24 mars 1763, âgé de 65 ans, muni des sacrements et fut inhumé dans l’église par monsieur Guyon, curé du Bois Sainte Marie.

Suit monsieur Michel Jandard dont le premier acte est du 30 mai 1763. Il avait pris possession de la cure le 28 dudit mois. Le 8 juillet 1767, monsieur Jandard adressait à monseigneur l’évêque d’Autun une supplique par laquelle il sollicitait  la permission de donner la bénédiction du Saint Sacrement à l’issue de la messe et des vêpres tous les seconds dimanche de chaque mois et le jour de l’Assomption, motivant sa demande sur ce que sa paroisse étant limitrophe du diocèse de Mâcon où la bénédiction du Saint Sacrement  se donnait tous les seconds et quatrième dimanche de chaque mois, à la messe et aux Vêpres. Ses paroissiens, malgré ses avertissements réitérés, désertaient leur paroisse pour aller dans les paroisses voisines où il y avait bénédiction, en sorte que, ces jours-là, son église était abandonnée. Il n’y avait bénédiction à Curbigny que pendant l’octave du Saint Sacrement. Sa demande fut exaucée… Son dernier acte est du 4 juillet 1768 (…) Du 5 avril 1767 au 13 octobre 1768, on trouve monsieur Verchère, prêtre précepteur au château de Drée.

A monsieur Jandard succéda monsieur Charles Ray, originaire d’Ouroux sous le Bois Sainte Marie. Il fit son entrée ou prise de possession le 4 octobre 1768. On lui trouve cependant un acte au registre du 24 septembre précédent. Il obtint la reconstruction de la maison curiale qui fut exécutée en 1784. C’est encore la cure actuelle, bâtie avec goût et intelligence, bien qu’elle offre quelques défaut . (…)
Monsieur Ray eut le malheur de prêter le serment schismatique relatif à la constitution civile du clergé  mais il ne tarda pas à réparer sa faute. Le 1er novembre 1792 fut publié le décret ordonnant l’enlèvement des registres de la cure et leur dépôt à la maison commune à partir du 1er janvier 1793. Leur rédaction est faite par l’officier civil de la commune. Le10 nivôse an deux de la République, tous les ornements, linges et autres effets de l’église furent inventoriés en la présence de monsieur Ray et livrés aux mains séculières et emportées à la mairie  dont décharge par écrit fut donnée à monsieur Ray. Le calice, le ciboire et l’ostensoir sont les seuls objets qui ne figurent point dans cette tradition.
Le 5 germinal an deux je vois monsieur Ray qualifié « ci devant curé et démissionnaire du bénéfice cure de Curbigny », ce qui indique qu’il avait compris le faux pas qu’il avait fait, que le repentir était dans son cœur et qu’il ne voulait plus servir une si mauvaise cause. C’est le premier nivôse qu’il donna sa démission et le six ventôse suivant, il se retirait à Ouroux dans sa famille où il passa tout le reste de sa vie. Il avait occupé la cure de Curbigny une trentaine d’année (…)
Le 29 novembre 1796, monsieur Ray revint à Curbigny pour y donner l’édifiant spectacle de la rétractation de son regrettable serment et y réparer le scandale qu’il avait pu y produire. En présence de tout le conseil municipal, il écrivit lui-même de sa propre main dans le registre des délibérations sa solennelle rétractation, imitant ainsi la foi et l’humilité courageuse des chrétiens des premiers siècles qui, après un moment de faiblesse ou de surprise, avaient tremblé devant leurs bourreaux, revenaient tout à coup confesser hautement leur foi au péril de leur vie. Qu’il en ait le mérite devant Dieu. Pour l’édification de mes lecteurs, je veux citer cette pièce intéressante dans son entier :

Ce jourd’hui 29 novembre 1796, en la commune de Curbigny et par-devant nous ci dessous nommés, s’est présenté Charles Ray prêtre démissionnaire du bénéfice cure dudit lieu, lequel a dit que pour se conformer aux décret de l’assemblée nationale des 27 novembre 1790 et 14 août 1792, dont le premier prescrivait à tous les archevêques, évêques et autres ecclésiastiques fonctionnaires publics de prêter le serment ci après : de veiller avec soin sur les fidèles qui leur étaient confiés, d’être fidèles à la Loi et au Roi et de maintenir de tout leur pouvoir la Constitution décrétée par l’assemblée nationale et acceptée par le Roi. Et le second d’être fidèles à la Nation et de maintenir la liberté et l’égalité, il aurait, en vertu desdits décrets, le 20 février 1791, à l’issue de la messe paroissiale en présence des officiers municipaux et du peuple assemblés, prêté le premier serment dans la forme ci-dessus prescrite et le second le 14 octobre de l’année suivante. Mais ayant depuis reconnu par différents décrets et arrêtés postérieurs, qu’on aurait porté atteinte aux plus constantes vérités et points essentiels de la doctrine catholique et communes croyances, il déclare que pour la tranquillité de sa conscience et lever le scandale qu’il aurait occasionné par la prestation desdits serments, il rétracte tant celui qu’il à prêté ledit jour 20 février année susdite que celui du 14 octobre de l’année suivante, comme pareillement ce qu’il aurait pu dire, écrire, promettre, approuver ou soutenir en conséquence et faveur d’iceux. Protestant qu’ayant toute sa vie professé a foi catholique, apostolique et romaine, sa résolution était , avec le secours et la grâce de Dieu, d’y persévérer jusqu ‘à la fin, de la confesser et de soutenir au péril de sa vie même, promettant entière soumission et parfaite obéissance au Saint Siège de Rome et au souverain pontife qui l’occupe. De laquelle rétractation, ledit Ray a requis acte et expédition lui être délivrée et s’est avec nous, Gilbert Michel agent, Jean Claude Fricaud adjoint, Antoine Ducray, Marc Jacquetin, Claude Lamboreau, Jean Claude Sandy, Claude Michel et Jean Louis Lemprereur, tous propriétaires résidants en ladite commune, soussigné à l’exception dudit Lempereur qui a déclaré ne le savoir enquis (…)

La révolution avait supprimé les ordres religieux, les vœux monastiques, déclaré les biens de l’église et des seigneurs propriétés nationales, établi un schisme dans le royaume honoré jusqu’alors du titre de très chrétien. Elle avait décrété que tous les évêques et curés qui n’auraient pas prêté, sous huit jours, le serment de fidélité à la constitution civile du clergé seraient sensés avoir renoncé à leurs fonctions. Elle avait prononcé la peine de mort conte les prêtres qui persistaient à refuser le serment, elle avait ordonné le pillage de toutes les églises et la suppression du culte catholique, la destruction des livres d’église, des statues des saints, des reliques, des autels et des croix, elle avait fait enlever partout les cloches et même rogner les clochers au nom de l’égalité, établi en place de Dieu la déesse Raison représentée dans les temples dévastés par d’infâmes prostituées.
Les prêtres fidèles furent déportés a la Guyane ou sur les pontons de Rochefort ou de l’île Madame. La plupart moururent  martyres, quelques uns cependant, malgré la vigilance et les recherches de la police révolutionnaire, trouvèrent, à la faveur des gens de biens, le moyen de se cacher dans leur propre paroisse ou dans quelques paroisse voisines et continuèrent au péril de leur vie de remplir les fonctions de leur saint ministère pour la consolation et le salut des fidèles à la religion. De ce nombre fut  monsieur Mathieu, vicaire de Gibles. Pendant la tourmente révolutionnaire, il donna ses soins jusqu’à Curbigny. Il y baptisa des enfants .
Les biens fonciers que possédait la cure de Curbigny étaient déjà vendus le 10 mai 1791. Le clos sud de la maison curiale restait encore mais il ne tarda à voir le sort des autres fonds . Une des deux cloches fut enlevée pour être conduite à la fonderie, l’autre fut conservée ainsi que l’église qui dut alors comme partout ailleurs devenir une grange ou un grenier à paille ou à foin.

La fin de ce déluge de crime arriva cependant. La providence de Dieu se servit de Napoléon 1er pour le rétablissement de l’ordre et de la paix en France et, avec l’ordre et la paix, la religion reprit peu à peu son empire et ce fut une grande joie pour nos pères qui gémissaient depuis huit ans dans la privation de secours spirituels. Le 16 juillet 1801 fut signé à Paris le concordat entre Napoléon et le pape Pie VII pour la reconstitution de l’Église en France et toutes choses reprirent peu à peu leur cours. Mais il fallut du temps, les prêtres manquaient , les communes n’avaient plus de logement à offrir à un pasteur ni aucun ornement dans leurs églises dévastées. Curbigny fut privilégiée grâce à la piété de la famille de Drée. Le service religieux fut rétabli dès le commencement de 1803. C’est à cette date que commença la deuxième série des curés de cette paroisse.
2eme série
Le premier prêtre qui fut chargé de desservir Curbigny après la tempête révolutionnaire fut monsieur Arnaud, ancien vicaire de Varennes, retiré à la Clayette. Il avait été un prêtre fidèle au temps de l’épreuve, il avait refusé le serment relatif à la constitution civile du clergé. Son premier acte est du 1er février 1803. Il n’habitait pas Curbigny, il faisait son service depuis la Clayette, lieu de son domicile. Son dernier acte est du 11 septembre de ladite année.
Pendant le cours service de monsieur Arnaud, la commune se pourvut d’un logement pour un prêtre à demeure dans la paroisse. On amodia l’ancien presbytère et monsieur Jacques Charvet y fut installé à titre de curé. Il avait fait sa philosophie au séminaire de Saint Irénée à Lyon. Il avait eu le malheur de prêter le serment schismatique mais il l’avait plus tard rétracté. (…) Le 20 août 1824 fut le jour de sa dernière messe : il tomba malade pour ne plus se relever. Il mourut le 1er septembre suivant à l’âge de 58 ans. Le 2 septembre, il fut inhumé près de la petite porte de l’église, à droite en entrant par monsieur Michon curé de la Clayette… Après sa mort, Curbigny fut plusieurs années sans curé. Le service en fut fait par les vicaires de la Clayette.

Après un long intérim de cinq ans et trois mois, eut lieu la nomination de monsieur Denis. Originaire de Saint Julien de Civry, monsieur Denis apparaît dans nos registres le 30 janvier 1830. En 1843, il procura à sa paroisse une petite retraite de huit jours. En 1848, il obtint que les murs de l’église fussent exhaussés et le mauvais et disgracieux plancher de la nef remplacé par la voûte simulée que l’on voit aujourd’hui. En 1849, il fit refaire la chaire à prêcher, il avait déjà fait refaire le maître autel en 1831. C’est par ses soins que tout le clos de la cure fut entouré de murs ainsi que le cimetière (…)
Il y avait plus de 33 ans qu’il gouvernait avec prudence cette paroisse et l’édifiait par ses vertus lorsque, le 13 juin 1863, dimanche du Sacré Cœur, vers le soir, après avoir célébré tous les offices de la fête, il se sentit tout à coup indisposé. Cependant, il se mit à table, à son heure ordinaire pour le souper. C’est alors qu’il fut frappé d’un coup d’apoplexie qui, sans lui ôter la vie, lui fit perdre toute connaissance. Il mourut le lundi 14 à 11 heures du soir et fut inhumé le surlendemain près de la petite porte de l’église, à gauche en entrant (…) Son souvenir  vit encore dans la paroisse et sa mémoire y est une bénédiction.

Un peu plus d’un mois après la mort de monsieur Denis, le 19 juillet 1863, monsieur Lavergne, curé d’Ozenay, nommé à la cure de Curbigny y fut installé par monsieur Tamain archiprêtre de la Clayette. Il s’y distingua par son zèle pour la prédication et son exactitude à catéchiser les enfants, enfin son succès à amener les âmes à la fréquentation des sacrements et de l’office des vêpres (…)
Il orna le maître autel de six beaux chandeliers en cuivre verni et de la niche d’exposition en vois doré. Il fit blanchir l’intérieur de l’église, appliquer les dorures qu’on remarque aux petits autels, il procura des enfants de chœur habillés à la romaine, il établit les deux statues de Saint Sylvestre en 1863 et Saint Joseph en 1865 et la balustrade en fonte. (…)
Il quitta Curbigny au mois de novembre 1866, la paroisse resta trois mois vacante. A monsieur Lavergne succéda monsieur Jean Lespinasse (…) Dès son entrée dans la paroisse [24 février 1867], il comprit l’insuffisance de l’église à contenir les fidèles et à fournir l’espace nécessaire à la dignité du culte divin et conçut un ardent désir de la voir s’agrandir (…)